COVID-19 quel impact sur le futur de la micromobilité ?

À l'heure où on commence à nous expliquer que le virus COVID-19 ne va probablement pas disparaitre définitivement et qu'il va falloir apprendre à vivre avec, la crise replace au coeur de nos vies des questions fondamentales : Quelle vie pour demain ? Comment se déplacer après le déconfinement ? Peut-on reprendre les transports en commun ? La voiture indivuelle sera-t-elle un refuge? Les mobilités douces dont les EDPM (trottinette électrique, gyroroue, skate...) vont-elles enfin prendre la place qu'elles méritent dans nos villes ? 

 

On vous explique ce qui va probablement changer dans la mobilité après le coronavirus, d'une part en regardant ce qui s'est passé dans les 10 jours qui ont précédés le confinement en France, et aussi comment ça se passe ailleurs ; notamment en Chine ou la vie commence à reprendre, et comment au final c'est vous qui allez décider du monde de demain. 

 

 

 

frequentation des pistes cycliste

J-10 : La pression monte…Les Modes doux décollent

 

À l’heure de l’écriture de ces quelques lignes sur l’impact du COVID-19 sur la micro-mobilité, nous sommes confinés depuis plus de 5 semaines et un grand nombre de pays dans le monde sont à l’arrêt quasi total.  On ne croisent dans les rues presque que des piétons, on entend les oiseaux même en plein centre, bison futé s'ennuie... une situation paradoxale pour parler de mobilité. Mais revenons un peu en arrière...

 

Une dizaine de jours avant l’annonce du confinement en France, la pression monte. Le virus se présente aux portes de nos frontières grandes ouvertes. Il embrase la Lombardie région de nord de l'Italie et se propage rapidement dans tous le pays. Voilà déjà presque deux mois qu’on vivait aux informations COVID, qu’on suivait un poil moralisateur l’évolution du virus à l’autre bout du monde, loin là-bas... en Chine. On s’inquiétait un peu de savoir si on manquerait de pâtes ou de papier-toilette mais peu pour notre santé. Puis soudain, il est là, tout près.

 

Dans les 5 jours pendant lesquels le nombre de contaminés au coronavirus a commencé à croitre, pendant lesquels les médias ont démultipliés les infos sur le sujet, le nombre d’usagers des pistes cyclables a augmenté de 26 %.  26% de remplacement des transports en commun par le vélo. C'est ce qui ressort d'une étude menée par la société Éco-compteur. ils sont en charge des bornes de comptage de cyclistes et de piétons. Ces bornes sont déployées un peu partout en Europe et, pour ce qui nous intéresse, sur les grands axes cyclables des villes importantes comme Paris, Lyon, Toulouse, Strasbourg etc. Les compteurs ne différencient pas encore les EDPM des vélos, mais cela devrait arriver d'ici la fin de l'année nous a-t-on confié au moins pour les trottinettes électriques.  Un premier signe encourageant.

 

Le samedi 14 Mars le gouvernement Français annonce la fermeture, le soir même, de tous les commerces non essentiels à la vie de tous les jours : bars, restaurants, magasins de vêtements et aussi magasins de trottinettes électriques…  Le 16 Mars, nous étions mis en demeure de rester chez nous. Les déplacements sont strictement encadrés, et même, l’autorisation ou non de la pratique du vélo restent un moment dans l'incertitude.

En effet, il semble que faire la différence entre le vélo plaisir et le vélo taff/vélo utile (notamment pour faire ses courses) ne soient pas si faciles pour les forces de l’ordre. Le premier est interdit sauf dans les 1 km, seul pas plus d’une heure. Le second est autorisé bien sûr. Ce qui les embrouilles, c’est que le vélo taff ou l’EDPM, même utile, ça reste un plaisir. Alors certaines villes prennent la décision absurde de clôturer des pistes cyclables protégées. S’en suit une inévitable chute de la fréquentation. La sanction est immédiate : -62 % le 16 mars jusqu’à atteindre le chiffre de -82 % le 22 Mars 2020.

 

Mais ne gardons en tête que les quelques jours qui précédent, le report sur les modes doux est plutôt un bon signe. Ils avaient déjà compris comment se déplacer après le déconfinement en adoptant la #solutionEDPM. Ils avaient compris que choisir de se déplacer à vélo ou en EDPM revient à choisir un transport qui respecte la distanciation sociale tout en étant efficace pour se déplacer.  

 

 

J+1: Ce qui se passe ailleurs dans le monde de la mobilité.

La Chine est en ligne de mire, on l’observe comme on observe à la loupe ces pays qui déconfinent… le laboratoire d’un nouveau monde est ouvert. Les pays comme la Chine, qui ont subit la vague du COVID-19 en premier et qui commencent à en sortir, nous donnent des indices sur les changements de comportement vis-à-vis des transports.

trotitnette électrique

Différentes études dont la dernière menée par Ispos indiquent que les transports en commun sont délaissés. Ils perdent presque la moitié de leurs usagers. Mauvaise nouvelle, le report se fait massivement vers la voiture individuelle. Les ventes explosent ! La raison du changement est clairement assumée : La peur de la contamination. Et pourtant, les métros des grandes villes asiatiques sont parmi les plus propres et les plus sécurisés du monde. 

 

Un report massif vers la voiture ? Voilà bien un scénario que la plupart des grandes villes européennes craignent de devoir affronter. Un report bien tentant, dans le chaud cocon de sa voiture, le prix du pétrole en baisse... Alors pour éviter la catastrophe d’un retour au tout voiture :  pollution sonore, pollution de l’air, bouchons énormes, etc. Pour éviter un retour en arrière de 30 ans, les nations commencent à s’organiser pour faire la révolution que peu espérait encore… Celle vers une autre mobilité ! Le vélo et les EDPM comme solutions ultimes !

 

 

 

Le Grand plan pour le transport après COVID 

 

En sachant qu'en Ile-de-France ce sont 5 millions d’usagers quotidiens qui empruntent le Bus, tram, RER, Métro, train… 500 000 rien que sur la ligne 1 du métro, et que les voitures transportent en moyenne 1 à 2 voire 1 à 4 personnes... Combien de km de bouchons cela peut-il former ? Vous avez une heure...  Et encore, ces chiffres ont été optimisés à force d’incitation au covoiturage. On peut craindre que l’après COVID-19 fasse tendre ce chiffe à 1 personne pour 1 voiture. 

 

Il suffit de l’ouverture d’un drive Mac do pour provoquer 3h de bouchons ? Si tout le monde prend sa voiture pour tout, ce sera vite l’enfer.

Même sans parler de l'effet sur la pollution, une voiture même électrique c’est : environ 750 à 1000 kg à bouger et il en faut de l'énergie pour la bouger. Elle occupe un espace au sol nécessaire de 2m x 4/5m  pour la garer à l'arrivée comme au départ... Ça en fait des mètres carrés à trouver pour le stationnement.

 

Alors pour éviter l’engorgement, un grand nombre de pays, de grandes villes d’Europe et même du monde, travaillent sur le développement massif de solutions alternatives. Cela comprend tout une batterie de mesures qui seront dévoilées dans quelques jours, mais on sait déjà qu’il y a un grand volet sur l’aménagement cycliste dit ‘temporaire’ ou corona-piste.

 

 

 

ville piétonne

Les zones 30 ne suffisent pas. 

 

Depuis des années dans la politique vélo, la zone 30 s'est développée. Dans ces zones, toutes les rues sont à double sens pour les vélos et les EDPM. On diminue globalement la vitesse des voitures, on diminue leur nuisance et on augmente la part du vélo. Elles ont permis un début d'essor mais qui reste timide car elles ne resolvent pas un frein important (et même parfois elle le multiplie) : La sécurité. Le frein à l’usage du vélo le plus grand c'est le sentiment de sécurité, vient ensuite le confort et l’effort. Alors il faut sortir le grand jeu.

Bruxelles vient d’annoncer le passage de l’ensemble de la zone du centre en zone 20km/h plutôt que 30km/h. Cela dès le déconfinement afin de favoriser le vélo et les piétons et par extension la sécurité et le partage de l’espace public pour tous dans les meilleurs conditions. Mais ça ne suffira pas non plus.

 

 

 

partage de la route

Des pistes cyclables temporaires ?

 

En France comme ailleurs une solution de pistes cyclables temporaires se déploie. 

Mme la ministre Elisabeth Borne a annoncé qu’une réflexion était faite via un groupe de travail sur le sujet. Il doit apporter des outils aux communes pour développer ces nouveaux axes cyclistes et EDPM. Menée par Pierre Serne président de l’association des villes cyclables, la commission incite les villes à y passer et leur explique comment le faire. Ce mercredi 22 avril avait d'ailleur lieu un webinar du CEREMA rassemblant eniron 500 collectivités pour suivre le présentation du sujet. La plupart des grandes métropoles y viennent : Montpellier, Paris, Rennes, Nantes… ont déjà annoncé la mise en place d’axes pour cycliste complémentaires pour favoriser l’usage des mobilités douces. La région Ile-de-France vient de débloquer 300 Millions d’euros pour la création du RER vélo (rappelez-vous, il n'y a pas si longtemps, la même région voulait rendre les voies sur berge aux voitures).

 

À grand renfort de plots et de murs d’eau, les communes vont s’atteler à modifier leur urbanisme. D’un coup, l’usage des mots urbanisme tactiques devient tendance.

 

Les pistes cyclables protégées auront deux rôles : Réguler le trafic en empêchant la voiture de se ré-approprier l’espace, et permettre aux modes alternatifs de circuler en sécurité. 

 

De leur côté les associations d'utilisateurs se réjouissent ! Elles misent sur l’apprentissage en espérant que les mesures d’urgence prises aujourd’hui s’inscrivent dans le temps et nous aussi... De telles mesures, même si on n’imagine qu’elles seront associées à des aides pour accéder à ces modes de déplacement doux, ne permettront pas à 5 millions d’usagers des transports de passer au vélo ou à la trottinette électrique... Mais si, allez 10%, soyons fou, 20% se reportait du transport en commun vers les mobilités douces au lieu de la voiture ; nous aurions un gain d’espace dans les transports suffisant pour permettre à ceux qui n’auront pas d’autre choix, de le faire dans de meilleurs conditions et à ceux qui n’ont pas d’autres choix que de prendre leur voiture de ne pas y passer 5 heures par jour. 

 

 

 

solution EDPM

Passer aux mode doux n’est pas une punition mais une opportunité ! 

 

Ces 20 % de nouveaux usagers du vélo ou de la trottinette électrique ne seront pas perdant... Et cela ne sera pas un sacrifice, car ils vont découvrir : 

 

  • Qu’on met moins de temps en EDPM pour faire entre 0 et 30 km jour (en comptant porte à porte).
  • Que le ciel est plus souvent bleu que gris.
  • Qu’on arrive au travail plus frais et plus joyeux, et pas déjà énervé par le retard, ou l’incident voyageur.
  • Qu’on maitrise son temps... Fini les imprévus. 
  • Qu’on est libre de faire un crochet pour récupérer le petit, un document ou faire des courses.
  • Que la ville est belle quand on y circule à l’air libre… et qu’on peut même y croiser des scènes bucoliques.
  • Que l’air extérieur est moins pollué que celui d’une voiture ou que celui des transports en commun.
  • Qu'un EDPM se stationne ultra facilement dans un appartement même petit et même au 5ème étage sans ascenseur.

 

 

À vous de choisir le monde dans lequel vous voulez vivre !

 

C’est à nous de construire le monde de demain. Avec le prix du pétrole qui n’a jamais été aussi bas, les cuves pleines à ras bord, la pression des gros industriels pour baisser les critères écologiques, le replis sur soi instinctif généré par la peur, etc. On peut être tenté de revenir 30 ans en arrière ou alors on choisit le bon en avant et de construire un après un peu meilleur, chacun à son niveau… À vous de choisir votre projet. 

 

Aux état-unis où le vélo est tout en bas de la liste des moyens de transports du quotidien, les ventes ont tendance à augmenter. En Australie on commence a être en pénurie de vélo, c’est ce que révèle un article de the gardian « le vélo : le nouveau papier toilette ». Alors, nous, on veut y croire, on veut croire en un monde où changer de mobilité aura changé des vies et un peu le monde.

 

 

 

Si on veut entendre parler d'EDPM au coté de toutes les publication sur les vélos... N'oubliez pas de partager #solutionEDPM !

 

 

 

Commentaires (2)

Les wheelers d'Alsacele 23 avril 2020 à 18:38

Bel article. On partage l'analyse !

Timle 13 mai 2020 à 11:32

Oui les EDPM sont des solutions interessantes mais il le problème c'est que comme toute \"nouvelle\" pratique, les gens ne savent pas quoi faire et le gouvernement à peur des débordements et des mauvaises utilisations. Les utilisateurs de EDPM doivent montrer l'exemple ;)

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